Pascal Dunikowski : l’accidentalité deux roues en questions

mercredi 8 octobre 2014 , par Christian

L’accidentalité des deux roues motorisés connait une baisse ces dernières années, particulièrement notable en juillet aout dernier. Asso-scooter.org a voulu savoir ce que recouvre cette notion d’accidentalité, avec un focus particulier sur le scooter. et Pascal Dunikowski, chargé de mission 2RM national à la Sécurité Routière a accepté de répondre à nos questions.

asso-scooter.org : Tout d’abord, Pascal peux-tu nous préciser en quoi consiste ton titre de "Chargé de mission 2RM National" ?

Pascal Dunikowski :

« Auparavant, cette fonction était dénommée « Monsieur Moto ». Il y a cinq ans, lors de ma prise de poste, la volonté de la DSCR (Direction de la sécurité et de la circulation routières) a été d’élargir cette mission de prévention aux cyclomotoristes, scootéristes, et plus largement à tous les usagers deux-roues motorisés, jusqu’aux tricycles et mêmes aux quadricycles.

J’assure plusieurs missions à la délégation. La première consiste à animer le réseau départemental des chargés de mission deux roues motorisés. En effet, chaque préfecture compte un agent pour assurer cette fonction. Ces chargés de mission deux roues motorisés départementaux consacrent 20% de leur temps au minimum à la sécurité routière des usagers de deux roues motorisés. Ce sont des fonctionnaires d’Etat, policiers, inspecteurs du permis de conduire, gendarmes, employés en préfecture, en DDT (direction départementale des territoires), tous motards ou scootéristes. Ce réseau est actuellement composé de 80 personnes.

Ma mission consiste également à être l’intermédiaire entre les usagers, les associations, les fabricants, les réparateurs, les équipementiers et la Délégation à la Sécurité et à la Circulation Routières. Je joue, en outre, le rôle d’interface entre les différentes sous-directions ou départements de la DSCR en tant que consultant.

Il m’arrive aussi, assez régulièrement, d’animer des formations auprès des élèves policiers motocyclistes de la gendarmerie et de la police et des élèves en formation de mécanique moto au sein de l’institut national du cycle et du motocycle.

Enfin, depuis fin 2012, je remplis les fonctions de secrétaire à la commission nationale deux-roues, deux-roues motorisés présidée par Patrick JACQUOT, président de la Mutuelle des Motards, au sein du Conseil National à la Sécurité Routière (CNSR). »

asso-scooter.org : Les statistiques de la sécurité routière parlent d’accidentalité deux roues dans son ensemble, pour autant peut-on distinguer l’accidentalité des motos de celle des scooters ?

Pascal Dunikowski :

« La réponse est oui ! Il est possible de distinguer les cyclomoteurs des motos, et de séparer les types de 2RM entre ceux de type moto et ceux de type scooter.

En 2013, il y a eu 790 tués sur les routes à deux-roues motorisés. Ce chiffre marque une baisse mais celle-ci reste bien inférieure à celle des automobilistes. La mortalité des usagers des véhicules légers (VL) a ainsi baissé depuis 2010 de 70%, quand celle des usagers de deux-roues motorisés a baissé de 30%. Le cyclomoteur, quant à lui, a baissé sur la même période (2010-2013) de 70%.

Dans la catégorie des moins de 125cm3, le scooter serait plutôt le bon élève. Avec un parc composé à 80% de scooters et à 20% de motos, nous nous retrouvons avec des statistiques presque inverses, à savoir qu’au total, c’est 31 scootéristes pour 66 motocyclistes qui sont décédés sur les routes en 2013. Dans la catégorie des plus de 125cm3, les chiffres sont peu représentatifs car les scooters de grosse cylindrée restent très minoritaires.

Une des raisons essentielles de cette différence entre le type scooter et moto, c’est la vitesse. En effet, les scooters sont massivement utilisés en ville où la vitesse est moindre que celle pratiquée par les motos hors agglomération, quelles que soient leurs cylindrées. D’ailleurs, il est avéré que les scooters à caractère sportif sont plus exposés que les scooters utilitaires.

Rappelons qu’en cas de choc, les chances de survie sont beaucoup plus importantes à 50km/h, qu’à plus 70km/h. »

asso-scooter.org : Et pour ce qui concerne les tricycles ?

Pascal Dunikowski :

« Pour les tricycles, appelés L5e dans le code de la route, ceux-ci sont renseignés sur la fiche de Bulletin d’analyse d’accidents corporels (BAAC) remplie par les forces de l’ordre, dans la case « voiturettes-tricycles ».

La seule statistique précise et connue sur ce type de véhicule est établie par la préfecture de police de Paris qui détaille les accidents mettant en cause des L5e. Ainsi, en 2012 sur un total de 143 accidents impliquant à Paris un L5e, il y a eu 10 blessés et aucun décès à déplorer. Pour mémoire, 60.000 véhicules de ce type ont été commercialisés en France depuis 2008, et l’Île-de-France est le plus gros marché des tricycles. »

asso-scooter.org : Comment se situe la France par rapport aux autres pays en terme d’accidentalité

Pascal Dunikowski :

« Sur le plan européen, la France est plutot dans le peloton de queue. Le taux de mortalité est quasiment, à parc comparable, deux fois supérieur à celui de l’Italie. Il reste donc des pistes, des progrès à faire. »

Biographie
Le deux roues motorisé, Pascal Dunikowski, connait. A 55 ans aujourd’hui, il a commencé sa carrière de motocycliste à l’âge de douze ans , par l’apprentissage de la conduite d’un vieux cyclomoteur dans le jardin de la résidence où il habitait. Dans le domaine du deux roues, coté associatif et professionnel, il a, à peu près, parcouru tout ce qui a trait au métier du deux roues, comme mécanicien, vendeur, publicitaire, journaliste, photographe, membre fondateur de la FFMC en 1980, de la Mutuelle des Motards, 25 ans à la FFM, 12 ans au comité directeur, etc, etc, etc.

Pascal Dunikowski roule en Honda DN01 au quotidien et parcourt plus de 15.000km par an.

Messages

1. Pascal Dunikowski : l’accidentalité deux roues en questions, 21 octobre 2014, 13:09, par Thierry

Une grande claque aux préjugés des motards contre les scooteristes !!!! On se fait allumer tous les jours, ils nous traitent avec mépris mais là, faut bien remarquer que ce sont eux le danger ! MDR.