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Rapport du préfet Régis Guyot : équipement minimum - scootéristes et cyclomotoristes irresponsables ?

mardi 5 février 2013 , par Ouarese

Malgré tout le respect que nous devons au préfet Régis Guyot, malgré un excellent rapport sur l’interfile, ce rapport sur l’équipement des conducteurs de deux roues motorisés a du mal à passer.

Pourtant, le plan général du rapport invite appelle à la lecture :

Chapitre 1. Survivre à l’hécatombe
Chapitre 2. Pouvoir choisir
Chapitre 3. Responsabiliser et se responsabiliser
Conclusion

Les passages entre parenthèses sont extraits du rapport.

Survivre à l’hécatombe

Comme pour le rapport « Interfile », le préfet Guyot dresse un état des lieux précis.

Dans cette partie, le préfet Régis Guyot distingue les tués de 2005 à 2011 par type de deux roues. Entre les moins de 50cc, les 50cc à 125cc, les +125cc, la distinction est faite entre les scooters et les autres deux roues.

Pour les moins de 50cc, la part des tués scooters ne cesse d’augmenter alors que celle des autres deux roues baisse.

Pour la catégorie des 50-125cc, les scootéristes restent constants en terme de tués, 40 à 39 fin 2011 alors que dans le même temps, la part des motards passe de 92 à 70.

Pour les plus de 125cc, le phénomène est identique. Les scootéristes passent de 23 tués en 2007 à 21 sur la fin l’année 2011. Les motards tués passent eux de 654 à 630.

Le nombre de tués scootéristes est de 179 sur l’ensemble des tués deux roues, soit 18%.

Rapport du préfet Régis Guyot : équipement minimum

Et en page 22, le préfet Guyot segmente les populations entre cyclomotoristes et motards d’un côté, et de l’autre, les scootéristes.

« 
Cyclomotoristes et motards : des évolutions positives mais différenciées

L’évolution du nombre des utilisateurs de deux-roues motorisés blessés fait ressortir des constats, et donc des enjeux, différenciés entre les trois catégories d’usagers : cyclomotoristes, motards et scootéristes.
Pour les cyclomotoristes (dont une part de scootéristes) [Tableau 10], l’évolution est favorable : la baisse de la vitesse moyenne de la circulation routière a eu des répercussions positives sur le nombre des blessés :

  • celui des blessés hospitalisés a baissé de 33,8 % entre 2005 et 2011 (de 5 609 à 3 710) ;
  • celui des blessés légers n’a reculé que de 25 % (de 8 964 à 6 719) ; c’est un enjeu évident en
    matière d’équipements de protection individuelle.

Pour les motards (y compris les scootéristes) [Tableau 11], l’évolution positive a été plus relative : le nombre des blessés hospitalisés (de 7 587 à 6 279) et celui des blessés légers (de 11 112 à 9 189) n’ont baissé que d’environ 17 % chacun.
L’enjeu le plus important pour eux reste celui de la gravité des blessures, liée à la vitesse et à la vulnérabilité.

Pour les scootéristes, distingués pour la première fois, l’évolution est à l’inverse défavorable.
Les scootéristes : une évolution très préoccupante masquée jusque là

Les données relatives aux scootéristes n’étaient jusque là pas distinguées de celles relatives aux cyclomotoristes (pour les utilisateurs de deux-roues motorisés de moins de 50 cm3) ou aux motards (pour les utilisateurs des deux-roues motorisés de 50 à 125 cm3, et ceux de plus de 125 cm3).
Depuis 2007, ces données font l’objet d’une récapitulation spécifique, enfin disponible [Tableau 12]. Elles font apparaître une évolution très préoccupante, alors que le marché des scooters représente aujourd’hui 40 % des ventes avec une forte progression des scooters les plus puissants.
Pour la catégorie des utilisateurs de scooters de moins de 50 cm3, le nombre des blessés a évolué comme suit :

  • pour les blessés hospitalisés, une baisse de 17 % (de 2 377 à 1971) ;
  • pour les blessés légers, une quasi stabilité (de 3 963 à 3 957), après un pic de 4 637 en 2008.

Dans le même temps, le nombre des utilisateurs de scooters de plus de 50 à 125 cm3 blessés a
connu l’évolution suivante :

  • pour les blessés hospitalisés, pas de baisse (de 762 à 767) sauf en 2010, pour la première fois sous les 700 (697) ;
  • pour les blessés légers, une augmentation de plus de 9 % (de 2 014 à 2 236).

C’est pour les utilisateurs de scooters de plus de 125 cm3 qu’on constate l’évolution la plus défavorable :

  • le nombre des blessés hospitalisés a crû de 44 %, passant de 266 à 384 ;
  • celui des blessés légers a explosé de 70 %, passant de 527 à 896. »
Rapport du préfet Régis Guyot : équipement minimum

Le tableau des variations par catégorie de cylindrées fait ressortir une hausse importante des scooters de moins 50cc à 125cc.

Type de Deux roues Type de blessés 2007 % catégorie 2011 % catégorie
Utilisateurs de deux-roues motorisés de moins de 50 cm3 Blessés hospitalisés 5 930 3 710
Blessés légers 9 703 6 719
dont Scootéristes Blessés hospitalisés 2 377 40.08% 1 971 53.13%
Blessés légers 3 963 40.84% 3 853 57.34%
Utilisateurs de deux-roues motorisés de 50cc à 125 cm3 Blessés hospitalisés 5 930 3 710
Blessés légers 3 686 3 641
dont Scootéristes Blessés hospitalisés 762 12.85% 767 20.67%
Blessés légers 2 014 54.64% 2 236 61.41%
Utilisateurs de deux-roues motorisés de +125 cm3 Blessés hospitalisés 4 888 4 568
Blessés légers 5 282 5 548
dont Scootéristes Blessés hospitalisés 266 5.44% 384 8.41%
Blessés légers 527 9.98% 896 16.15%
Tous utilisateurs de deux-roues motorisés Blessés hospitalisés 13 101 9 989
Blessés légers 20 340 15 908
dont Scootéristes Blessés hospitalisés 3 405 25.99% 3 122 31.25%
Blessés légers 6 504 31.98% 6 985 43.91%
Total blessés 33 441 25 897
Scootéristes 9 909 29.63% 10 107 39.03%

Cependant en cumul des blessés scooters par rapport à l’ensemble des blessés, le pourcentage des scootéristes blessés, 39%, est conforme à la part de marché des scooters, même si un blessé est toujours un blessé de trop.

fin 2006 37 %
fin 2007 42 %
fin 2008 44 %
fin 2009 43 %
fin 2010 43 %

En page 26, deux graphiques font apparaitre une augmentation spectaculaire du nombre de blessés, avec 2007 comme base 100. Puis, le rapport met en exergue la localisation des accidents et le type de deux roues. Dans ces paragraphes, il est question « d’explosion » de blessés scooters, d’utilisation massive des scooters en milieu urbain...

Rapport du préfet Régis Guyot : équipement minimum

Pourtant, en milieu urbain, les motos de +125cc représentent 25.58% des blessés, suivies de près par les scooters de -50cc, 25.46%, eux-mêmes suivis par les cyclos à 21.72%. Nous serions tentés de demander que faire pour ces 25.58% de motos ?

Rapport du préfet Régis Guyot : équipement minimum

Et sur l’ensemble des deux roues impliqués, 21.564, les scooters ne représentent que 9.382 deux roues impliqués, soit 43.5% du total. L’effet masse est plutôt à rechercher du côté des motos, nous semble-t-il.

Nous serions tentés également de retourner les conclusions de ce passage vers les motards, en premier lieu et non vers les scootéristes. L’enjeu de l’équipement des motards est à l’évidence très important !

En page 61, nous relevons ceci : « Ces comparaisons font apparaître que l’utilisateur de deux-roues motorisés doté d’équipements sombres est très difficilement repérable « à l’œil nu ». Les scootéristes urbains vêtus de leur simple costume sombre comprendront aisément pourquoi, dans un environnement urbain « gris », au milieu de véhicules souvent « gris », et sur des chaussées « grises »,... ils sont mal détectés par les autres usagers motorisés et la nécessité de s’équiper pour être plus visibles. »

En parlant exclusivement de « scootéristes vêtus de costume sombre », le préfet oublie que les motards ont également des vêtements sombres, quand ils ne sont pas non plus en costume. Ou devons-nous comprendre que tous les motards sont habillés de blouson clairs et rétro-réfléchissants ?

Malgré notre expérience du périphérique parisien, lyonnais, des pénétrantes à différentes heures, les couleurs claires et rétro-réfléchissantes des blousons, vestes motards ne nous ont pas frappées.

Enfin, en page 94, nous relevons également : « Les scootéristes et cyclomotoristes abordent la question de leur propre protection très différemment des motards. Ils ont une faible conscience du risque qu’ils courent, donc une approche assez floue du besoin de se protéger, en particulier pour les usages urbains. Ils sont peu ou pas informés techniquement, tant sur leur véhicule que sur les équipements adéquats. »

C’est tout juste si les scootéristes et les cyclomotoristes savent conduire et utiliser leur deux roues ! Nous exagérons le trait, mais ces propos sont surprenants de la part du préfet qui a établi un rapport sur l’interfile qui est complet. A croire que c’est une autre personne qui a rédigé.

Illustrations

Au niveau des photos d’illustration, nous en avons compté plus de trente. Les photos montrant des scooters en « infraction » d’équipement, sans gants, en shorts... sont au nombre de 11. Celles où le scooter semble être dans le profil bien équipé sont de... 1. La première photo d’illustration du rapport, en page 12, plonge tout de suite le lecteur dans l’ambiance...

En ce qui concerne les photos de motos au profil bien équipé, elles sont au nombre de 11 contre 8 où il manque un équipement.

Conclusion du rapport

Pour terminer sur ce rapport qui n’est pas du tout du même niveau que celui de l’interfile, ce que nous déplorons, le rapport propose de rendre les gants obligatoires « pour l’ensemble des deux-roues motorisés dès lors qu’un accord serait intervenu sur les niveaux de protection à retenir... ».

C’est une proposition qui avait été faite par un ensemble de participants du groupe de travail mais elle n’a été retenue par une fédération d’usagers. Nous pourrions dire "Tout ça, pour ça ?".

Dommage. C’est le mot qui nous vient à l’esprit après la lecture de ce rapport. Lecture que nous avons entrepris avec plaisir, d’abord, puis avec agacement, et enfin indignation par certains passages.

Comment des scootéristes, des cyclomotoristes peuvent-ils se reconnaitre dans ce rapport ? Inconscients, irresponsables, tout juste méritent-ils de conduire un deux roues. Seuls les motards semblent trouver grâce dans ce rapport. C’est curieusement une charge que nous avons souvent entendu lors des journées de travail et contre laquelle nous nous sommes à chaque fois élevés. Ce rapport semble écrit à une autre époque par une autre personne.

Les scootéristes et cyclomotoristes ne disent pas merci à cette personne.

Le rapport du préfet Régis Guyot sur les EPI.

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