Scooters trois roues : Piaggio - Bombardier, le match Mp3-Fuoco-Spyder

En matière de 3 roues, Piaggio et Bombardier sont, pour le moment, les seuls à proposer des modèles en grande série, en attendant Peugeot. Ces trois-roues sont classées dans la catégorie "Tricycle", ce qui leur permet d’être conduisibles avec le permis B.

Présentation des protagonistes

Chez Piaggio, le trois-roues se décline en plusieurs versions et sous deux marques : Piaggio et Gilera.

Chez Piaggio, le trois-roues s’appelle MP3 et il existe une version conduisible avec le permis moto et une version conduisible avec le permis moto ou le permis auto. Ce dernier modèle est appelé MP3 LT et représente le plus gros des ventes MP3. LT signifie « Large Tread » ou train élargi. Explication : Piaggio a élargi l’écartement des roues avant de 5 cm, précisément 4,60 cm, pour passer son MP3 de la catégorie moto à la catégorie tricycle et conduisible avec le permis auto.

Le MP3 LT existe maintenant en version 250 cc, remplacé depuis peu par la version en 300 cc, et en version 400 cc.

Chez Gilera, pas de LT ni de « gamme » à proprement parler. Il n’existe qu’un seul modèle en 500 cc : le Fuoco, conduisible avec le permis moto.

Techniquement, le MP3 LT et le Fuoco partagent le même train avant et le même cadre. Les motorisations sont issues du même bloc moteur MASTER, Master pour Multi-valve Advanced Super Torque Engine.

Celui-ci est réalésé en fonction des cylindrées.

En 250 cc-300 cc, Piaggio a équipé le MP3 de son bloc QUASAR, Quater Liter Smooth Augmented Range. Là-aussi, le bloc est réalésé en fonction des cylindrées.

Chez Bombardier, le trois-roues s’appelle Can Am Spyder et il existe en deux gammes : RT ou RS. Le RT est typé Touring tandis que le RS est typé Sport. RT ou RS peuvent être équipés d’une boite séquentielle à cinq rapports. Côté motorisation, Bombardier a puisé dans le catalogue Rotax qui est aussi sa propriété. Le moteur sélectionné est le 998 cc. Il est décliné en différentes versions, avec ou sans boite séquentielle, mais la cylindrée est identique.

Gamme
MP3/Fuoco : 10/10
Spyder : 6/10

Moteurs et caractéristiques

Chez Piaggio, les bloc Master et Quasar sont des monocylindre alors que le Rotax de BRP est un bicylindre. La puissance des Piaggio varie entre 15 Cv et 39 Cv, pour des cylindrées allant du 125 cc au 500 cc. Chez BRP, la puissance se situe entre 100 Cv et 106 Cv.

Chez Piaggio, la variété des modèles proposées permet à chacun de trouver son bonheur alors que BRP ne propose qu’une seule cylindrée. Il est vrai que ce moteur fait merveille sur le Spyder et que le monocylindre de Piaggio fait pâle figure en terme de performances. Pourtant, le bloc Master est réputé pour sa sobriété et sa bonne tenue dans le temps. Avec son double allumage, il est presque aussi efficace qu’un bicylindre de puissance équivalente.

La puissance pure plaide largement en faveur du Can-Am Spyder. Il en est de même pour l’écartement des roues avant. Chez Piaggio, le trois-roues fait, entre les roues avant, 420 mm en version standard et 424,6 mm en version LT tandis que le Spyder fait 1 308 mm. Pour rappel, la Fiat Panda actuelle fait 1 590 mm de large.

Enfin, sur la balance, le Fuoco pèse 244 kg contre 421 kg pour le Spyder RT S, le plus lourd. Les Spyder possèdent une marche arrière bien utile pour les manœuvrer. Cette surcharge du Spyder va influer directement sur sa consommation. Elle est pratiquement le double, à près de 10l/100, de celle du Piaggio qui va se contenter d’un 5l/100, en moyenne.

Ces quelques chiffres suffisent pour caractériser une machine orientée balade et route, le Spyder, et une machine plus polyvalente, le MP3. Le Spyder ne va aller en ville que le temps d’un passage alors que le MP3 pourra sillonner la même ville sans la moindre difficulté.

A l’avantage du Spyder, la capacité d’emport qui est digne d’une petite citadine automobile. Cela lui permet d’obtenir la note de 6/10 en matière d’usage.

Moteur
MP3/Fuoco : 7/10
Spyder : 10/10

Usage
MP3/Fuoco : 9/10
Spyder : 6/10

Conduite

Le gabarit des protagonistes n’est pas le seul élément de différenciation. La conduite, en effet, n’est pas du tout identique. Le Fuoco, malgré ses trois roues, se conduit comme tout deux-roues en penchant dans les virages. Le Spyder, lui, vire à plat. Il faut tourner le guidon, comme sur un quad ou une voiture. Vous ne verrez donc jamais un Spyder prendre de l’angle en virage et l’électronique est là pour veiller au strict respect de ce mode de conduite.

Certains pilotes chevronnés arrivent tout de même à faire lever la roue intérieure en virage mais ce n’est tout de même pas l’usage courant et normal du Spyder !

Avec le Fuoco, c’est le pilote qui reste plutôt en ligne et droit tandis que la machine, elle, prend de l’angle. Les forces centrifuges s’exercent sur la machine et le contre-braquage vient compenser ces forces.

Sur le Spyder, c’est tout le contraire en virage. Le « tricycle » est à plat et c’est le pilote qui penche en virage. S’il ne le faisait pas, chaque virage se transformerait en séance de musculation, il faut bien absorber et disperser les forces centrifuges.

Sorti de la ville, ces deux machines font l’unanimité. Le train avant gomme toute imperfection sur la route et les trois roues procurent un sentiment de sécurité qu’aucun deux-roues n’offre. Un plaisir bien rare en deux-roues et, que ce soit en Spyder ou en MP3, il est bel et bien là. Les quelques vibrations du Fuoco au ralenti disparaissent en roulage.

Conduite
MP3/Fuoco : 8/10
Spyder : 6/10

Confort

Au niveau confort, les deux machines en présence sont également difficiles à comparer. A un peu moins de 8 000 €, le Fuoco n’offre certainement pas les mêmes prestations que le plus cher des Spyder, le RT S, qui vaut près de trois fois son prix.

Au tout électrique du RT S, pare-brise réglable, chaîne stéréo, gonflage des pneus, coffres à profusion... le Fuoco ne peut opposer que son roll-lock, d’origine sur le Gilera et en option chez Piaggio. Cependant, il ne démérite pas pour autant. Au tableau de bord, tout est là mais il faut bien reconnaitre que passer du Fuoco au Spyder, c’est comme passer du tableau de bord d’un Airbus à celui d’une mini Austin, ancienne version.

De même, au niveau confort général, le pare-brise réglable du Spyder RT S est sans commune mesure avec le saute-vent d’origine du Fuoco. On pourrait presque dire que sur le Spyder tout y est plus grand. Ou que sur le Fuoco tout y est plus petit !

Le Fuoco ne démérite pas pour autant. Il est certainement dans la catégorie supérieure parmi les scooters mais le Spyder en offre beaucoup... pour son prix. Le Fuoco a toujours pour lui le tablier qui protègera le pilote de la pluie et des projections de la chaussée. Le conducteur du Spyder devra se contenter de s’essuyer les jambes à l’arrêt.

Avec ses 998 cc, le Spyder tourne moins vite que le Fuoco pour se maintenir à la même vitesse, tout en étant plus onctueux au niveau des liaisons au sol. Le Fuoco, à ce chapitre, est typé sport et sec alors que le MP3 est plus souple. Le Spyder est plus doux pour les vertèbres et ménagera conducteur et passager sur le long cours. Enfin, même si la notion d’espace est relative en deux roues, sur le Spyder, pas de sentiment d’exiguïté comme sur le trois roues de Piaggio.

Confort
MP3/Fuoco : 7/10
Spyder : 9/10

Hors considération du prix, le MP3/Fuoco remporte ce match avec une moyenne générale de
8.2 contre
7.4 pour le Spyder,

à l’issue d’un match que nous pensions moins serré au départ.

C’est le moteur Rotax qui sauve le Spyder de la Bérézina, tout comme son confort et son équipement. Le MP3/Fuoco a pour lui une gamme riche de différentes cylindrées et une polyvalence que n’a pas le Spyder.

Si on note le critère prix, cela donne

MP3/Fuoco : 8/10
Spyder : 2/10.

La moyenne générale s’établit donc comme suit :

MP3/Fuoco : 8.17/10
Spyder : 6.5/10

Le MP3/Fuoco, même s’il est largement moins cher que le Spyder, reste tout de même un scooter qui fait payer au prix fort sa technologie. Certains diront que c’est la contrepartie d’un élément de sécurité. Aussi à l’aise en ville que sur route, le trois roues de Piaggio est certainement moins exclusif que le Spyder.

A lire également, l’essai Can Am Spyder RT & RS : Jekyll & Hyde