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Scooters CM : motos-taxis, derniers rebelles

mardi 31 juillet 2007 , par asso-scooter

L’article ci-dessous traite des motos taxi au Cameroun mais cette profession méconnue peut être étendue à toute l’Afrique. Parce qu’ils défient les autorités et sont solidaires, sont-ils les derniers rebelles dans une économie de débrouillardise ? La Chine avec ses scooters et motos à bas prix leur ouvre la porte de la réussite sociale.

Une manifestation contre un permis trop cher

En date du 21 juin 2007, une manifestation à Douala avait réuni plus d’une cinquantaine de motos taxis. Ceux-ci entendaient protester contre le prix exigé pour l’obtention du permis de conduire, institué par la nouvelle mise en application du décret du 16 novembre...1995. Ce décret fixe les « conditions et modalités d’exploitation à titre onéreux des motocycles affectés au transport public des personnes sur le territoire national ».

Le prix de la formation était fixé à 11 000Fcfa(16€) mais dans la réalité, il se monte à 45 000Fcfa(68€). Et cette formation est dispensée par le seul établissement habilité au départ. Même si d’autres moto-écoles ont ensuite eu la possibilité de le faire, le prix de la formation est resté à 45 000Fcfa. Auxquels in faut rajouter, des frais d’inscription, de frais d’examen médical, de retrait de permis qui en se cumulant représentent un total de 20 000Fcfa.

En plus de l’obligation du permis, -un moto taxi sur deux roule sans permis-, le décret va plus loin. La moto-taxi doit elle-même être équipée de deux casques pour la protection des occupants et le réservoir de carburant peint en jaune. Cette dernière disposition permet d’indiquer clairement que la moto-taxi est exploitée à titre onéreux.

Une profession solidaire

Malgré la dureté de la profession, horaires, conditions, les moto-taxi men ou bendskineurs sont solidaires et constituent un mal nécessaire.

Leur solidarité est telle qu’un bendskineur appréhendé alors qu’il venait de renverser une piétonne a du être relâché par les forces de l’ordre. Les autres bendskineurs ayant appris la nouvelle s’étaient regroupés autour du bâtiment où étaient retenus homme et machine et menaçaient de le réduire en cendres si les forces de l’ordre ne le libéraient pas. Ce qui fut fait.

Il passent là où les autres s’arrêtent

Ils constituent un mal nécessaire car ils passent là où les autres véhicules doivent s’arrêter, que ce soit bus ou quatre roues. Et de ce fait, la population les apprécie, même si de nombreux cas de conduite en état d’ivresse, de clients dépouillés en cours de route, de non respect des feux et des limitations de vitesse, d’accidents souvent fatals ternissent leur image. Il faut dire qu’avec 22 000 (estimation) bendskineurs, ils représentent l’un des principaux mode de transport de Douala, par exemple.

Un métier pour s’en sortir

Un autre reproche qui est fait aux motos taxi est leur manque de formation car tout un chacun peut se mettre à exercer cette profession.

Une moto coûtant entre 480 000Fcfa( 732€) et 900 000Fcfa(1370€), il « suffit » d’avoir les fonds, par le biais d’aides familiales ou de circuits de financement informel.

Pour ceux qui ne peuvent disposer d’un capital, cela passe par le « travailler-payer » : le propriétaire, généralement une connaissance ayant d’autres activités professionnelles et possédant parfois un parc important, confie la moto avec un contrat légal signé à un conducteur ; ce dernier a pour obligation de rapporter un certain montant hebdomadaire fixe. Toutes les dépenses de la moto sont à la charge du conducteur, le propriétaire se contentant d’encaisser son argent ; au bout d’une période arrêtée à l’avance, la moto appartiendra au conducteur.

Pour le propriétaire, le retour sur investissement, avec une marge de 100 %, est la plupart du temps réalisé en un peu moins d’un an. La durée de vie moyenne d’une moto tournant autour des quatre ans, le conducteur en disposera pour les trois dernières années. Mais ces années correspondent alors à des coûts d’entretien progressivement plus importants.

Ou encore, le propriétaire de la moto concède un jour de travail par semaine au chauffeur. Une situation peu enviable, surtout si l’on tient compte du fait que les motos-taximen se font aider dans leur travail par des "mercenaires" qu’il faut rémunérer. Conséquence : l’activité recrute essentiellement parmi les désoeuvrés n’ayant dans la plupart des cas reçus aucune formation et qui, très souvent, ont quitté tôt les bancs de l’école.

Autant de choses qui font que dans le métier de conducteur de moto-taxi, on retrouve beaucoup d’aventuriers. Et chaque jour, ces derniers abandonnent cette activité comme ils l’embrassent. Sans crier gare.

Pour en savoir plus :
A lire l’excellent article de Maïdadi SAHABANA du Laboratoire d’Economie des Transports, ENTPE, l’article de Cameroon Tribune du 25 juin, d’Afrik.com du 5 mai 2004, du messager de Douala, de Cameroon info, de Bonaberi.com

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