Sécurité Routière : bilan 2014 provisoire
mardi 27 octobre 2015 , par
La Sécurité Routière a publié le bilan provisoire pour le moment de l’accidentalité de l’année 2014. La collecte et l’exploitation des données accidents ont été établies par l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité routière (ONISR). Cet organisme est placé auprès du délégué interministériel à la sécurité routière.
C’est sous l’angle des deux roues que nous synthétisons le bilan provisoire 2014. Ce bilan permet également de dresser en creux le portrait des conducteurs de deux roues motorisés.
2014 : hausse de +3.8%
Après deux années de baisse marquée de la mortalité routière, celle-ci présente une remontée en 2014 pour la première fois depuis 2001.
3 557 personnes ont perdu la vie sur les routes de France (+ 3,8 %), dont 3 384 en métropole (+ 3,5 %) et 173 dans les départements d’outre-mer (+ 8,8 %).
La mortalité s’est accrue de 130 décès par rapport à 2013 (116 en métropole, 14 dans les DOM). La France (métropole + Dom) est au 14ème rang de l’Union européenne : 54 personnes ont été tuées par million d’habitants, 53 en métropole et 83 dans les départements d’outre-mer. En métropole sur la période 2012-2014, seuls 30 départements sont en- dessous de la moyenne nationale.
Le fichier national des accidents corporels (BAAC) enregistre 27 502 personnes hospitalisées plus de 24 h, dont 26 635 en métropole (+ 2,6 % par rapport à 2013) et 867 dans les DOM (- 6,7 %).
Usagers
En métropole, 1 663 usagers de véhicules de tourisme ont été tués, ils représentent près de la moitié de la mortalité routière. Ce nombre est en hausse de + 3,2 % par rapport à 2013, il a cependant baissé de - 21,4 % depuis 2010 contre - 15,2 % pour l’ensemble des usagers.
Les usagers de deux-roues motorisés représentent près du quart des décès avec 625 motocyclistes et 165 cyclomotoristes décédés en 2014. Les motocyclistes sont l’une des deux seules catégories d’usagers dont la mortalité a baissé en 2014 (- 1,0 %) mais leur évolution reste plus lente que la moyenne entre 2010 et 2014 (- 11,2 %).
Piétons et cyclistes constituent 19 % de la mortalité 2014 avec respectivement 499 et 159 personnes tuées, en forte augmentation par rapport à 2013 (+ 7,3 % et + 8,2 %). Ces deux catégories sont les seules dont la mortalité s’est accrue entre 2010 et 2014, de + 2,9 % pour les piétons et de + 8,2 % pour les cyclistes.
La mortalité des usagers de véhicules utilitaires légers (143 personnes tuées) est également en forte hausse (+ 7,5 %) et n’a baissé que de - 2,1 % entre
2010 et 2014.
56 personnes ont été tuées en poids lourd, 6 en autocar et 3 en autobus.
En Europe
En Europe, les motocyclistes représentent 15 % de la mortalité routière, les cyclomotoristes 3 %. En France, ces taux sont respectivement de 18,5 % et 4,9 % en 2014. Seules l’Italie et la Grèce présentent un ratio motocycliste plus élevé (21 % et 29 %). Les Pays Bas, le Portugal et le Danemark un ratio cyclomotoriste supérieur à 5 %.
La mortalité motocycliste a baissé de .17 % en Europe entre 2010 et 2013, et de 11,2 % en France entre 2010 et 2014. En Europe comme en France la mortalité motocycliste est essentiellement masculine (pour 94 % et 93 %). Ce sont plus particulièrement les 25-49 ans : leur part est de 62 % pour 57 % en moyenne européenne. Les jeunes de 18-24 ans sont finalement moins représentés en France qu’en Europe (17 % versus 18 %).
Les cyclomotoristes
En 2014, 7 814 accidents corporels ont impliqué au moins un cyclomoteur, soit 13 % de l’ensemble des accidents. 177 personnes ont été tuées dans ces accidents, dont 165 cyclomotoristes ce qui représente 5 % de la mortalité routière. Par rapport à 2013, la mortalité cyclomotoriste croît de 6 décès, soit + 4 %. Une baisse de - 46 % a été enregistrée entre 2000 et 2010 et de - 33 % entre 2010 et 2014.
Le fichier BAAC enregistre 2 738 cyclomotoristes hospitalisés en 2014, soit un ratio de 6 décès pour 100 blessés hospitalisés.
Estimation du risque cyclo
La réduction du parc, débutée fin des années 1970, est de l’ordre de 25 % entre 2000 et 2010. En 2013, le parc était à son plus bas niveau avec environ un million de cyclomoteurs en circulation, une baisse de 9 % depuis 20101. Plus d’un tiers des cyclomoteurs est concentré dans quatre régions : Ile de France (11,1 %), Rhône-Alpes (9,6 %), Pays de Loire (9,1 %) et PACA (9 %).
Le kilométrage annuel moyen est de 2 718 km. 85 % des utilisateurs ont entre 14 et 24 ans et un déplacement sur deux est un trajet domicile-travail ou vers un établissement scolaire. En 2013, le kilométrage annuel était identique, ndlr.
Corollaire de la chute du parc, le trafic a fortement diminué et est estimé à 2,6 milliards de km parcourus par an, soit 0,5 % du trafic motorisé annuel effectué en France.
Selon l’âge
En 2014, 58 % des cyclomotoristes décédés et 64 % des cyclomotoristes hospitalisés avaient moins de 24 ans, dont un peu moins de la moitié âgés de 15 à 17 ans. La désaffection de l’usage du cyclomoteur chez les moins de 17 ans se traduit par une baisse marquée de leur part dans la mortalité : les 0-17 ans représentaient 46 % de la mortalité des cyclomotoristes en 2000 et 32 % en 2014.
Usagers impliqués
93 % des cyclomotoristes tués sont des hommes. 160 cyclomotoristes tués étaient conducteurs, 5 étaient passagers. Un cyclomotoriste sur cinq impliqué dans un accident était sur un trajet domicile-travail ou domicile-école.
Selon le milieu : agglomération ou hors agglomération
En moyenne sur la période 2010-2014, les parts de la mortalité en agglomération et hors agglomération s’équilibrent. Pour 2014 la répartition est de 77 décès en agglomération (- 3 par rapport à 2013) et de 88 décès hors agglomération (+ 9 par rapport à 2013).
Selon le jour, la nuit et l’heure
En moyenne sur la période 2010-2014, la mortalité de nuit est légèrement supérieure à la mortalité de jour (55 % vs 45 %). Pour 2014 la répartition est de 85 décès de nuit (- 13 par rapport à 2013) et de 80 décès de jour (+ 19 par rapport à 2013). Les périodes comptant le plus de cyclomotoristes tués se situent entre 13 h et 22 h.
Entre 17 h et 3 h, le nombre de conducteurs de cyclomoteur alcoolisés est plus important.
Facteurs d’accidents mortels et les scénarios types
Le facteur « alcool » est fréquent dans les accidents de ces usagers. La part des conducteurs de cyclomoteur ayant un taux d’alcool supérieur au taux légal (0,5 g/l de sang) parmi ceux dont le taux est connu est la plus élevée de toutes les catégories de conducteurs : elle est en 2014 de 9 % pour les conducteurs impliqués dans les accidents corporels et de 32 % pour ceux impliqués dans les accidents mortels.
Pour les accidents corporels, cette proportion est plus élevée pour les plus de 25 ans (respectivement 14 % pour les 25-44 ans et 15 % pour les 45-64 ans) que pour les plus jeunes (2 % pour les 15-17 ans et 8 % pour les 18-24 ans). Parmi les 49 cyclomotoristes impliqués dans les accidents mortels dont l’alcoolémie dépasse 0,5 g/l, le taux est supérieur au taux délictuel (0,8 g/l) dans 47 cas (96 %) ; il dépasse 1,5 g/l dans 28 cas (57 %) et 2 g/l dans 22 cas (45 %).
L’absence de casque reste un facteur de gravité. En 2014, 18 cyclomotoristes, tous conducteurs, sont décédés alors qu’ils ne portaient pas de casque (11 % de la mortalité des cyclomotoristes). Parmi les usagers de cyclomoteurs impliqués dans un accident et dont le port du casque est renseigné dans le fichier BAAC, 7 % des passagers et 3 % des conducteurs n’étaient pas casqués. Ces parts sont globalement stables depuis 2003.
Les motocyclistes
En 2014, 13 977 accidents corporels ont impliqué un motocycliste (24 % des accidents) alors que les motocyclistes ne représentent que 1,5 % du trafic. 660 personnes ont été tuées dans ces accidents, dont 625 motocyclistes, lesquels représentent 18 % de la mortalité routière. Dans 4 % des cas, il s’agit du passager.
La mortalité motocycliste baisse en 2014 de - 1 % par rapport à 2013. Entre 2010 et 2014, la mortalité motocycliste a baissé de - 11 %, contre - 15 % pour l’ensemble des usagers. Entre 2000 et 2010, la mortalité motocycliste avait baissé de - 26 % contre - 51 % pour l’ensemble des usagers. Le fichier BAAC enregistre 5 419 motocyclistes hospitalisés en 2014, soit un ratio de 12 motocyclistes tués pour 100 blessés hospitalisés.
Selon le registre du Rhône, il existe un sous-enregistrement non négligeable des blessés hospitalisés chez les 2RM dans le fichier BAAC, les forces de l’ordre n’étant pas systématiquement appelées sur les accidents.
Selon le type de motocyclette
La mortalité motocycliste est liée très majoritairement (89 %) à des engins de plus de 125 cm3. Entre 2013 et 2014, la mortalité évolue de façon très contrastée selon la catégorie : elle baisse fortement pour les moins de 125 cm3 (- 34 soit - 35 %) ainsi que les scooters de plus de 125 cm3 (- 9 soit - 29 %) alors qu’elle croît de + 5 % (+ 28) pour les motocyclettes de plus de 125 cm3. Pour les plus de 125 cm3, le fichier BAAC enregistre 14 décès pour 100 blessés hospitalisés plus de 24 h, alors que ce ratio n’est que de 5 pour les moins de 125 cm3, les accidents de motocyclettes légères survenant plus souvent en agglomération.
Estimation du risque motocycliste1
Le kilométrage annuel moyen est de 3 140 km : 2 300 km pour les moins de 125 cm3, à 53 % sur des parcours urbains ; 3 700 km pour les plus de 125 cm3, aux deux tiers hors agglomération.
En 2013, le bilan annuel fait état d’un kilométrage annuel moyen est de 3 250 km, nldr.
En 2012, la circulation des motocyclistes est estimée à 9,7 milliards de kilomètres parcourus, soit 1,3% du trafic motorisé en France. Le risque d’être tué par milliard de km pour un conducteur de motocyclette est de 65 (72 pour les plus de 125 cm3 et 41 pour les moins de 125 cm3). Il est 23 fois plus élevé que pour un conducteur de véhicule de tourisme.
1SoeS . MEDDE : Enquête 2012 sur l.utilisation du 2RM.
Selon l’âge
Les classes d’âge les plus touchées sont les 18-24 ans et les 25-44 ans, avec 20 tués pour un million de personnes. Par rapport à 2013, la mortalité des 18-24 ans baisse de - 30 % alors que celle des 25-44 ans augmente de + 14 %.
Selon l’ancienneté du permis
17 % des motocyclistes tués en 2014 sont des conducteurs novices. 107 000 permis « moto » ont été délivrés en 2014 : 5 000 A1, 46 000 A2, et 56 000 A.
Selon le milieu et le type de trajet
34 % des motocyclistes tués le sont en agglomération. Cette proportion est plus élevée pour les motocyclettes légères (54 %) que pour les plus de 125 cm3 (32 %).
Par rapport à 2013, la mortalité des motocyclistes est stable sur route hors agglomération (- 2 décès), a augmenté de 13 décès (+ 7 %) en agglomération et a diminué de 17 décès (- 40 %) sur autoroutes.
3 conducteurs de motocyclette tués sur 5 le sont lors d’un trajet de loisir. Les trajets domicile-travail représentent un peu moins d’un conducteur de motocyclette tué sur 5.
Selon les types de collision
En 2014, dans les accidents impliquant une motocyclette, 35 personnes autres que le motocycliste sont décédées, dont 23 piétons (18 dont 11 piétons en 2013). 249 motocyclistes (40 % des décès) se tuent en courbe. 38 % des motocyclistes se tuent dans un accident sans autre impliqué et 36 % par suite d’une collision avec un véhicule de tourisme. 64 motocyclistes ont été tués alors que leur véhicule a heurté un arbre ou un poteau et 25 une glissière métallique.
Selon les mois
La mortalité motocycliste présente une saisonnalité marquée, surtout pour les cylindrées de plus de 125 cm3. Elle chute en hiver pour reprendre avec l’arrivée des beaux jours. Ceci est lié à une utilisation des motocyclettes dépendante de la météo : le mois de juillet 2014 a été particulièrement pluvieux et on enregistre un creux de mortalité par rapport aux mois de juillet habituels. La période juin-septembre représente 47 % des motocyclistes tués (294 en 2014). Les motocyclistes représentent 24 % de la mortalité routière de cette période.
Selon le jour et la nuit
La part de la période nocturne dans la mortalité motocycliste est de 27 %. La période de la journée la plus meurtrière se concentre en fin d’après-midi : la période 14 h - 19 h regroupe un motocycliste tué sur deux.
Facteurs d’accidents mortels et scénarios types
La vitesse est un facteur prédictif significatif d’accident mortel pour les motocyclistes. Pour chaque tranche de 10 km/h d’augmentation de la vitesse avant l’accident, le risque daccident mortel croît de 38 %1.
108 motocyclistes impliqués dans un accident mortel présentent une alcoolémie supérieure au taux légal, soit 21 % des conducteurs impliqués aux taux d’alcool connu. Ce taux est du même ordre que celui des automobilistes. Parmi ces 108 motocyclistes alcoolisés, 97 dépassent le taux délictuel (0,8 g/l) et 64 dépassent 1,5 g/l. La proportion des motocyclistes ayant une alcoolémie supérieure au taux légal dans les accidents corporels est de 5 %, également du même ordre que celle des automobilistes. Cette proportion varie peu selon les classes d’âge entre 18 et 64 ans.
L’absence d’équipements de protection (casque, gants, bottes, etc.) est un facteur aggravant, surtout à faible vitesse. En 2014, 18 motocyclistes décédés, dont 1 passager, ne portaient pas de casque.
6 % des accidents mortels sont à mettre en relation avec un problème mécanique.
L’analyse de procès-verbaux révèle qu’en cas d’accident corporel2, près de 70 % des autres usagers impliqués sont à l’origine du conflit.
Dans 63 % des cas, un défaut de détection du 2RM peut être attribué au conducteur accidenté confronté au 2RM. La principale erreur chez les motocyclistes est une « attente d’absence de manoeuvre de la part d’autrui ». Dans de nombreux cas, ces conducteurs font preuve d’une trop grande confiance dans leur comportement et dans leur analyse de la situation, et ne se méfient pas suffisamment des situations qu’ils rencontrent. Souvent, ils ne tiennent pas compte dans leur comportement de leur vulnérabilité et surtout du fait qu’ils sont moins visibles que les autres véhicules. C’est le différentiel de vitesse entre les véhicules qui est le plus souvent à l’origine des accidents plutôt que la vitesse « excessive » des 2RM.
1European Association of Motorcycle Manufacturers (ACEM) : MAIDS : In-depth investigations of accidents involving powered two wheelers, avril 2009
2 VAN ELSLANDE Pierre et al. : Les comportements et leurs déterminants dans l’accidentalité des deux-roues motorisés, IFSTTAR, septembre 2011.
Recommander cette page
Un message, un commentaire ?
A lire également :
-
La NHTSA, National Highway Traffic Safety Administration, la Sécurité Routière USA publie les chiffres 2020
-
Le Registre du Rhône, qui enregistre de manière exhaustive les circonstances des accidents de la route a 25 ans
-
Le bilan de la mortalité routière en septembre 2021 est de -1% de tués
-
Mortalité routière en hausse en mai 2021, +4%
-
+99% de tués par rapport à avril 2020, mois de confinement
-
Les pistes cyclables ont un effet ralentisseur sur les automobilistes
-
La Sécurité Routière enregistre une baisse de 19.7%, en 2020 et en temps de pandémie
-
Bilan décevant de l’expérimentation de la circulation interfile et fin de l’expérimentation
-
Sécurité Routière : bilan d’octobre 2020, -22.60%
-
Les EDPM (Engins de Déplacements Personnel Motorisés) sont au code de la route depuis un an