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MMA : libre blanc « Les hommes et la route »

mardi 25 juin 2013 , par Jean-Claude

MMA a publié un libre blanc sur les hommes et la route. Le résultat est que 76% des tués sont des hommes.

MMA a demandé l’avis de 12 experts (psychanalyste, philosophe, psychologue, sociologue, policier, associations…). Leurs témoignages sont publiés dans ce livre blanc.

Pourquoi ce livre blanc ?

3 645 personnes ont perdu la vie sur les routes de France en 2012.

Aujourd’hui, l’objectif est de passer sous la barre des 2 000 morts par an d’ici à 2020. Et s’il convient de poursuivre les chantiers existants, il faut aussi pousser la réflexion sur d’autres sujets. 
« D’où l’idée d’ouvrir un nouveau débat, en s’appuyant sur un constat : sur la route, 76 % des tués sont des hommes. En deux-roues, ils représentent 92 % des victimes. Ces chiffres n’évoluent pas ou peu depuis dix ans… », explique Stéphane Daeschner, directeur de la communication de MMA en charge de la prévention des risques routiers.

Alors MMA pose la question aux Français : sur la route 3 morts sur 4 sont des hommes, pourquoi ? 12 experts apportent un éclairage utile avec des pistes de réflexion et d’action. Les Français sont, quant à eux, invités à répondre sur le site Zérotracas.com.

Causes évoquées par les experts

La nature masculine

« La conduite reste un secteur plus ou moins réservé aux hommes » débute Jean-Yves Salaün, délégué général de l’association Prévention Routière. Deux formateurs, Sarah Benzaqui et Philippe Boulleau, soulignent l’antagonisme homme/femme dans l’approche de l’automobile : les hommes prennent plus de risques et portent moins d’attention aux autres, alors que les femmes seraient plus dans la retenue.

Pour expliquer la surmortalité des hommes, beaucoup d’intervenants évoquent des comportements typiquement virils : transgression, agressivité, témérité, égoïsme, orgueil, désir de puissance… 

Les hormones

Si, pour le psychanalyste Jean-Pierre Winter, l’automobile permet à l’homme d’obtenir la puissance et le pouvoir, « jusqu’à la possibilité potentielle de tuer », le psychologue Jean-Pascal Assailly l’explique par « le bombardement d’hormones » que subissent les jeunes hommes.

À l’âge où ils abordent la conduite, le taux de testostérone des garçons est multiplié par 14 ! Ces hormones allument un système de récompense lié au plaisir, donc à la prise de risques. Alors qu’une jeune conductrice est dans le registre de l’erreur et de la compréhension, les conducteurs sont dans celui de l’infraction : vitesse, alcool ou cannabis. 

Les motos

Jean-Yves Salaün remarque que les hommes sont surreprésentés parmi les conducteurs de deux-roues motorisés. 75 % des personnes enfourchant une moto ou un scooter sont des hommes, et cette catégorie d’usagers représente 25 % des tués de la route. Par ailleurs, les femmes qui roulent en deux-roues optent le plus souvent pour de petites cylindrées, qu’elles utilisent pour des déplacements urbains. Comme le note Marc Bertrand, chargé de mission sécurité routière à la FFMC, on retrouve ici la différence entre la passion masculine et l’approche utilitaire féminine. 

Les trajets

Yoann Demoli, sociologue, observe que les femmes parcourent annuellement 20 % de kilomètres de moins que les hommes, sont souvent au volant d’une petite cylindrée et pour des trajets urbains, où les accidents mortels sont rares. Ce que confirme le commandant Jean-Pierre Jurkowski, de la préfecture de Police de Paris : « les femmes ont en général des accidents matériels de faible gravité ».

La formatrice Caroline Gastard note que les comportements après les stages de récupération de points diffèrent : les conductrices changent leur façon de conduire quel que soit le trajet, alors que les hommes uniquement pour les déplacements familiaux. 

La vitesse

Les chiffres du commandant Jurkowski confirment que les grands excès de vitesse sont l’apanage des hommes : lors d’un accident grave où la vitesse est en cause, le responsable est un homme dans 75 % des cas.

Le sociologue Jean-Marie Renouard, pour sa part, constate que sur les 40 conducteurs infractionnistes qu’il a rencontrés, il n’y avait que 4 femmes. Enfin, la formatrice Caroline Gastard note que la vitesse demeure l’élément central des infractions avec pertes de points. Les femmes sont sujettes à l’accumulation de petits excès de vitesse, souvent liés à l’inattention ou à la nature urbaine des trajets.

Pour certains hommes en revanche, la vitesse est « une passion ». Beaucoup ne parviennent pas à modifier leur comportement malgré les radars. La vitesse, sur la route comme au travail, est pour eux synonyme d’efficacité. 

L’alcool

L’association Prévention Routière constate que les hommes sont impliqués dans 92 % des accidents mortels où l’alcool est en cause, en général avec un taux dépassant 1,5 g/l.

Des chiffres concordant avec ceux relevés sur le terrain par le commandant Jurkowski : quand l’alcool a joué un rôle dans un accident, dans 85 % des cas, c’était un homme qui conduisait. Le journaliste Bertrand Parent note que, pour autant, les jeunes filles n’osent pas refuser de monter en voiture avec un garçon qui n’est pas en état de conduire.

Les autres

Pour Gilles Vervisch, philosophe, l’autre est « un obstacle sur notre route ». Le sociologue Jean-Marie Renouard s’appuie sur un constat : seuls 10 % des personnes qu’il a rencontrées s’estiment mauvais conducteur.

Globalement « le mauvais conducteur, ce n’est pas moi, c’est l’autre ». Le psychanalyste Jean-Pierre Winter va plus loin et stigmatise l’homme, pour qui la voiture serait un moyen de « faire la guerre », et la route, « un champ de bataille » où règne le « chacun pour soi ». Plus factuel, le commandant Jurkowski rappelle que 95 % des accidents trouvent leur source dans le comportement du conducteur. 

La connexion

Les moyens de communication modernes – téléphones, tablettes – sont souvent désignés, à juste titre, comme des perturbateurs de conduite. Pour le formateur Philippe Boulleau, le problème est unisexe. 

Des pistes de solution

Restent à trouver des solutions pour que les hommes arrêtent de mourir bêtement sur la route. 

La formation ? Sans doute. L’éducation ? Aussi. L’évolution des moeurs ? Elle est en cours. L’égalité homme-femme ? Elle doit encore progresser. Le code de la route ? Il évolue. La fin du machisme ? Il est à craindre que ça ne soit pas pour tout de suite. Les voitures plus sûres et plus douces ? Les constructeurs y travaillent. Des routes moins dangereuses ? Les pouvoirs publics interviennent. Plus de répression ? 

Malheureusement, ça passe aussi par là. L’écologie ? Comme la crise, elle va limiter les déplacements individuels. 
Toutes ces solutions, et bien d’autres encore, peuvent contribuer à faire baisser la mortalité routière. Celle des hommes comme celle des femmes. Car le but n’est pas juste d’inverser la courbe entre les deux sexes, mais de faire en sorte que la route ne soit pas un théâtre de drames, mais un lieu de vie partagé. Et cela passe par le respect des règles, et surtout le respect de l’autre. 

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