Retromobile 2014 : Salmson Cyclaid, S4 et son Amicale

mardi 11 février 2014 , par Patrick L.

Contrairement à ce que le nom pourrait laisser à penser, cette société est française.

C’est Émile Salmson (1859-1921), fils de Jean-Jules Salmson et petit-fils de Jean-Baptiste Salmson, d’origine suédoise. Jean-Jules Salmson est sculpteur de son « métier » et vous pouvez voir ses créations à Paris, à l’opéra Garnier en bas des marches du grand vestibule (Haendel ou la musique anglaise) et à la gare d’Orsay.

Emile, ingénieur de formation, crée en 1890, à 31 ans, la société "Emile Salmson, Ing." spécialisée dans la construction, le négoce et l’entretien de machines à vapeur et de pompes. Emile Salmson, Ing. devient fournisseur de grandes administrations comme les Ponts et Chaussées, des compagnies de chemin de fer, du génie militaire et de l’artillerie.

En 1896, « Emile Salmson, Ing." est rebaptisé « Emile Salmson & Cie, Ingénieurs Constructeurs", la société développe des activités annexes : construction d’ascenseurs hydrauliques, de moteurs à gaz et à pétrole. Elle s’installe à Billancourt où elle met en place un pôle aéronautique centré sur la construction de moteurs d’avions. A partir de 1909, Emile Salmson & Cie, Ingénieurs Constructeurs fabrique le moteur d’avion Canton-Unné à sept cylindres en étoile monté par Breguet et Voisin.

Au sortir de la guerre de 14-18, en 1919, la société aborde le secteur automobile. En 1920, la première voiture sort des chaînes, le cyclecar GN Salmson, lancé pour le Salon de Paris 1919. En 1928, Salmson oriente sa production automobile vers le grand tourisme avec la sortie de la S4, puis de la S6, première voiture de la marque à arbre à came placé à l’arrière du moteur. C’est une des rares marques à opter pour cette architecture. Les voitures de production, elles, deviennent insensiblement plus large, plus cossues. Des projets de 6 cylindres existent bien, mais Salmson reste fidèle à sa clientèle sérieuse et discrète et marque son originalite par une certaine sophistication cachée sous le capot.

Salmson est un pionnier de la technique automobile en proposant à sa clientèle un moteur à deux arbres à cames en tête. Toute la production depuis 1926 est constituée de moteurs à deux arbres à cames en tête avec le mot magique " 2 ACT ". À l’automne 1934, la S4-D possède désormais une calandre inclinée, des roues avant indépendantes, une direction à crémaillère et une boîte de vitesses électromagnétique Cotal à quatre rapports en série. Lors des courses de côte face aux Mercedes, cette boite fera gagner de précieuses secondes et au final, des courses à Salmson.

De 1921 à 1928, les Salmson ont remporté 550 courses dans le monde et battu 10 records du monde.

British Salmson Cyclaid Ltd

Quand en France, la société Sms connait ses heures de gloire à l’entre deux guerres, une société Salmson a été créée en Grande Bretagne dans les années 30. British Salmson Aero Engines Ltd. fabriquait des petits moteurs d’avions et était établie à Raynes Park, London, SW20.

La guerre mettra un terme à ces débuts d’essor. Après la guerre, la société change de nom et devient British Salmson Cyclaid Ltd, avec des bureaux au 76 Victoria Street, London, SW1 mais la capacité de production était quasi-inexistante.

Une lience a donc été achetée pour la fabrication du Cyclaid. Un vélomoteur, à la croisée du vélo et du vélomoteur, avec un pédalier. Le moteur de 31cc est placé à l’arrière au dessus de la roue et entraine, non pas un galet, mais une courroie qui fait tourner la roue. C’est l’équivalent de la courroie de nos scooters actuels et le principe allie légèreté et efficacité.

La vitesse maximale est de 32km/h. Le prix de base avait été fixé à 19£, ramené à 15£ quand la taxe sur les moteurs a été supprimée. Cela permit à British Salmson Cyclaid Ltd de tenir deux années. La taxe sur les moteurs fut rétablie et causa la perte de British Salmson Cyclaid Ltd.

Quelques 6.000 Cyclaid furent produits. Il n’en reste que très peu en circulation.

S4

Quand Austin met des montants en bois sur un châssis métallique, Salmson fait mieux avec la S4. Son châssis, lui, est en frêne ainsi que les portières et des pourtours de métal viennent se clouter dessus !

La S4 concentre tout le savoir-faire de Salmson en matière d’avion et de technologie moteur. Cette expertise trouve des applications sur les moteurs d’aujourd’hui. Rappelez-vous, nous sommes en 1929. Deux arbres à cames en tête, réglage des pastilles par pastilles, chambres d’explosion hémisphérique pour prévenir l’usure, distribution commandée par pignons à taille hélicoïdale, refroidissement liquide et thermo-siphon avec radiateur, bloc cylindre détachable, allumage par magnéto Salmson, dynamoteur 12 volts, en prise directe sur le villebrequin. C’est la même pièce qui fait office de démarreur et d’alternateur. Ce principe est repris sur les moteurs start&go actuels.

Ce n’est pas fini. Carburateur Solex, embrayage à disque unique à sec, suspension avant à ressorts semi-elliptiques et amortisseurs à friction, arrière par deux ressorts demi-Cantilever.

La voiture ne pèse que 980kg, pour une puissance de 7Cv fiscaux et 30Cv à 3.500tr/mn. La vitesse maxi est de 90km/h.

Le marché des Salmson est confidentiel et les voitures n’apparaissent que rarement aux enchères, ce qui permettrait de fixer une côte. Elles se vendent entre connaisseurs. Il faut donc connaitre la marque pour se porter acquéreur. Ou comme François, y tomber par hasard, quand un ami lui dit qu’il lui fallait aller voir une voiture. François s’exécuta et possède maintenant quatre Salmson.

Merci à François et à l’Amicale Salmson pour leurs précieuses informations et patience.