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Musée Automobile Reims Champagne : bulles d’histoires, à consommer sans modération

lundi 16 août 2021 , par Christian

Reims est mondialement connu pour son champagne et si les caves sont à visiter, ne manquez pas la visite du Musée Automobile Reims Champagne. Le musée est situé en pleine ville et en le visitant, vous connaitrez l’ivresse d’un voyage dans le temps et l’espace.

Le Musée Automobile Reims Champagne est situé en pleine ville et n’abrite « que » 250 véhicules autos et motos, car les murs ne sont pas extensibles. Cela suffit pourtant à passer plusieurs heures à voyager à travers les époques, les styles et d’admirer quelques pièces rares dont certaines sont même uniques.

La scénographie du musée à la fois par thèmes et années permet de se rendre compte du travail accompli à la fois par les créateurs des différents modèles et également par l’association qui gère maintenant le patrimoine du musée.

Histoire du Musée Automobile Reims Champagne

L’histoire du Musée Automobile Reims Champagne commence en 1985 par la création du Centre Historique de l’Automobile Française fondé, avec l’approbation de M. Jean FALALA, Maire de Reims, par M. Philippe CHARBONNEAUX. Philippe CHARBONNEAUX était un designer industriel du 20e siècle, spécialisé dans l’automobile. Styliste de renom, ses créations couvrent les domaines les plus variés : réfrigérateur, lampe-torche, stylo, télévision, ordinateur mais aussi carrosserie à ligne intégrée, Chevrolet Corvette, Delahaye 235, Renault R8, R16, etc., soit 75 modèles au total.

Il est par ailleurs le designer de la fameuse "Nénette", brosse à lustrer bien utile pour entretenir sa voiture ancienne ou moderne

C’est à partir de 1970 qu’il décide de créer un musée pour présenter au public sa collection d’automobiles, principalement françaises, à Saint Dizier puis à Reims. En 1985, il installe sa collection dans les anciens ateliers de la Menuiserie Métallique Moderne (MMM) et créera ainsi le Centre Historique de l’Automobile Française, dénomination qui précédera le nom actuel de Musée Automobile Reims-Champagne, depuis 1998.

Dès la reprise du Musée Automobile Reims-Champagne, l’association SCAR (Salon des Collections Automobiles Rémois) a pour but de préserver ce site, de le regarnir, l’enjoliver et de le faire évoluer par des acquisitions et des prêts de véhicules privés.

Qu’ils appartiennent au musée ou provenant de prêts de collectionneurs, les véhicules sont constamment renouvelés afin de surprendre et d’intéresser continuellement les visiteurs. Soucieux de garder un équilibre entre les autos les plus anciennes et celles des années1950 à 1980, le Musée Automobile Reims-Champagne consacre les deux plus importantes allées pour l’une et l’autre catégories.

Le phénomène actuel des "Youngtimers" est moins ressenti par cette disposition. En matière de deux roues, ils sont présentés sur trois niveaux et ce sont donc près de 100 véhicules qui sont maintenant admirées et appréciées par l’ensemble des amateurs.

Nef par Lacroix – De Laville, 1903

La marque La NEF a été créée en 1899 à Agen par M. Joseph Lacroix qui s’associe en 1902 avec le financier, M. de Laville. Dès 1899 et le dépôt de la marque "Société La Nef-Lacroix", quelques exemplaires sortent de l’atelier, ils avaient un châssis en bois, un empattement de 2m, à trois roues, une directrice à l’avant et deux motrices à l’arrière, une transmission par courroie plate et étaient équipés d’un moteur à refroidissement par air de Dion-Bouton de 2,75 cv pouvant transporter deux personnes

En 1900, cette voiturette se modernisa, elle reçut un moteur à refroidissement par eau de Dion-Bouton de 3,5 cv, un radiateur situé sous le plancher, puis une boite de vitesses "Bozier" lui permettant d’atteindre 35 kms/h.

Son système de direction est une grande barre de bois raccordée sur l’axe de la roue avant, appelée "queue de vache". Nous arrivions déjà à la 3ème génération. Au fur des années de nouvelles applications vinrent améliorer l’auto, un châssis plus long, toujours en bois ceinturé de métal en U, permettant d’assoir 4 personnes, les moteurs de Dion-Bouton passant à 10,5 cv pour 70 kms/h. A la veille de la première guerre mondiale, la marque s’éteignit en ayant produit près de 200 La Nef.

Retrouvée au début des années 1950 par le père du propriétaire gersois, la voiture a été complètement restaurée afin de lui redonner son lustre premier, elle servait le dimanche à transporter les enfants sur les fêtes de village, à animer les expositions avec ses amis collectionneurs et à fêter les victoires du club de rugby de Toulouse dont il était un inconditionnel. Les années passant et l’âge avançant, l’engouement n’y était plus et la voiture avait été remisée à l’endroit où elle a été retrouvée.

Smart : type A – 100cc – 2Cv - 1923

Dans l’immédiat après-guerre de 1914-18, la France se reconstruit et se modernise, tout doit aller très vite car cet affreux conflit a laissé un très grand vide.

Le département des Ardennes était riche de forges et d’acieries, ces équipements favorisèrent de nombreux constructeurs. Cela fut le cas de la société SMART, entreprise située à Paris au 55-57 quai de la Tournelle mais dont l’usine et les ateliers étaient installés à Sedan boulevard Chanzy.

La rigueur du moment amena les concepteurs à créer des motos solides mais légères, économiques à l’usage mais complètes dans leur équipement et à prix modique. Son moteur, maison, est un 2 temps de 100cc à boite de vitesses séparée et transmission par chaîne et courroie. Son cadre, relativement long lui confère une bonne tenue de route, il est ininterrompu, donc plus rigide, le moteur étant fixé sur la partie courbe inférieure de ce cadre et des repose-pieds sont placés de part et d’autre. Son large guidon donne une bonne position au motard et sa selle est confortable. A l’époque son prix est de 1990 F. La fourche est montée sur ressorts

Le monocylindre est en position inclinée et est refroidi par ailettes. La boite de vitesses est séparée et comporte deux rapports, entrainée par chaine. La distribution secondaire est assurée par une courroie

La particularité de cette Smart est que la sécurité était d’actualité puisque la moto dispose d’un freinage intégral, et ce dès 1923 !

La moto SMART présentée au Musée Automobile Reims-Champagne est une des rares survivantes de la marque.

Collection Rumi – Terrot VMS 2 – 123cc, 1953 – Bernardet Cabri – 49.9cc, 1954 – Manhurin SM75 – 74cc, 1957

Le Musée Automobile Reims-Champagne peut s’enorgueillir de posséder et présenter la marque Rumi dans presque toute la gamme de la marque italienne.

La société est créée en 1914, par Achille Rumi, le père de Donnino, à Bergame en Lombardi, Italie. Il s’agit au départ d’une fonderie pour la marine et l’aviation, et plus spécialement dans les hélices. C’est la raison pour laquelle figurent une ancre et des ailes d’avion dans le logo de la marque. A la fin de la seconde guerre mondiale, la société Rumi est au bord de la faillite. Les commandes militaires sont en effet à l’arrêt. Quand Donino reprend la société à la mort de son père, il n’a que vingt ans. Heureusement, les besoins de mobilité sont grandissants et importants et le scooter est une réponse qu’apportent Vespa et Lambretta.

La société Rumi va s’y engouffrer et présente tout d’abord, le Scoiattolo, écureuil en italien, à partir de 1952, ensuite le Formichino (petite fourmi) puis le Rumi V1,

Ils sont dessinés par Donnino Rumi lui-même. Pour le Formichino, du scooter, il en a l’allure mais se distingue par les choix techniques. Le moteur est un bicylindres à plat 2 temps de 125cc. Il développe 6,5Cv à 6 000 tr/min, a une transmission par chaine associée à une boite à 4 vitesses. Il est autoporteur. Sa coque est rigide en aluminium, pour gagner du poids.

Dans le paysage scooter de l’époque, le Formichino dénote complètement et sera décliné en trois versions différentes, Standard, Sport et Bol d’Or. Sur les versions sportives les cylindres étaient en aluminium et non en fonte d’acier. Les roues étaient de 10 pouces et non de 8 pour le standard et le simple carburateur Dell’orto était remplacé par deux carburateurs avec pipe d’admission directe sur chaque cylindre et cuve commune.

L’histoire de cette collection et comment le Musée Automobile Reims-Champagne a fait pour la présenter aujourd’hui est contée par Didier Carayon, Président de l’association S.C.A.R.

Didier est décidément intarissable sur les scooters et nous livre également la raison de la cylindrée de 49.9cc pour le Bernardet Cabri.

Peugeot 403 Maurice Radovitch : vitrine du savoir-faire

Expatrié du lointain Monténégro, Maurice RADOVITCH commence sa carrière professionnelle, à l’âge de 14 ans, chez Hispano-Suiza. Pendant son apprentissage, il côtoie de magnifiques carrosseries qui vont lui donner la ligne de sa vie.

Par ses connaissances et son travail, Maurice RADOVITCH s’installe à Reims et crée une carrosserie dans le quartier de Neufchatel. La concurrence est rude et, afin de se faire reconnaître, Maurice façonne de nombreuses pièces uniques, aussi bien pour la voiture de FANGIO que pour celle d’Amédée GORDINI mais également, des voitures de manège ou pour le cirque GRUSS

C’est son mariage avec une jeune rémoise, qui l’amène dans notre région et qu’il ne quittera plus de toute sa carrière.

C’est en 1958 qu’il réalise son chef d’œuvre. Arrivée accidentée, une Peugeot 403 familiale lui procure tellement de difficulté pour la restaurer, qu’il en profite pour la transformer complètement.
De ce banal break, il en fait un superbe cabriolet unique. Pour cela, il s’emploie plus de 800 heures à taper dans la tôle, format, reprenant, reformant le métal jusqu’à a réalisation définitive.

A cette époque, les normes ne sont pas aussi draconiennes qu’actuellement et Maurice peut utiliser des pièces provenant de d’autres véhicules. Les portes sont de Citroën DS cabriolet et le pare-brise de Mercédès 190 SL. Mais l’ensemble de la carrosserie est inédit, telle la calandre en acier chromé, la ligne de caisse oblique, les ailerons arrière horizontaux.

Après le décès de son concepteur, cette Peugeot-Radovitch 403 attire les convoitises et devient l’intérêt de certaines personnes. Mais le Musée Automobile Reims-Champagne, grâce à Madame RADOVITCH, est le plus prompt. La voiture entre définitivement dans les collections du musée qui est fier de la préserver et de la présenter dans la ville qui l’a vu renaître.

Panhard monoplace : défi relevé par Jean-Claude Guny

Nous sommes au début des années 1990, au mois de mars pendant le Salon Champenois du Véhicule de Collection à Reims.

Une conversation technique et historique entre M. Jean PANHARD et Jean-Claude Guny, ingénieur en mécanique, les amène à un sujet insoluble aux yeux et pour les réalisations des techniciens de la marque doyenne française. Accoler deux moteurs de Panhard 2 cylindres à plat afin de créer un 4 cylindres à plat.

L’ingénieur est un ingénieux bonhomme dont les connaissances techniques en mécanique lu permettent de relever le défi. Rentré dans son atelier, il démonte ce sacré moteur 2 cylindres à plat pour en connaitre toutes les subtilités. Ayant relevé toutes les caractéristiques, il s’attèle à la recherche mécanique et physique des métaux afin de concevoir son projet.

L’esthétique extérieure de l’ensemble des moteurs n’est pas changé, les culasses restent autonomes ainsi que les carters inférieurs. L’accouplement n’est fait que sur le corps des deux moteurs. Mais à l’intérieur tout change, un vilebrequin quatre cylindres monobloc et spécifique est taillé dans une masse d’acier dont la difficulté a été de décaler les tourillons, c’est la même chose avec l’arbre à cames réalisé pour le futur quatre cylindres avec l’ensemble pistons-bielles.

Mais ce moteur de 1700cc, 7.300tr/m, et couple maxi à 5.800tr/mn pour un poids de 510kg, se doit d’être performant et fiable. Pour ce faire notre ingénieur installe un allumage à double linguets et taraude les culasses afin d’incorporer deux bougies par cylindre. L’alimentation électrique est également doublée par l’installation de quatre bobines à quatre sorties et le gavage d’essence est dû à deux carburateurs double corps Weber de 40.

De nombreux mois se sont écoulés depuis la conversation avec M. Jean Panhard et le moteur est opérationnel installé sur un cadre métallique servant de banc d’essai. Et de nouveau, la confrontation de ces personnages a lieu afin de vérifier le bon fonctionnement de cette mécanique. L’un heureux d’avoir relevé ce défi, l’autre très intéressé par la réalisation de ce moteur, ils échangent sur de nombreux renseignements techniques et se lient d’amitié. M. Jean Panhard, toujours enclin à provoquer un nouveau défi, soumet à notre ingénieur une nouvelle suggestion, « Maintenant que le moteur est fait, il ne vous reste plus qu’à construire la voiture ! ».

Notre ingénieux ingénieur ne se fait pas prier et, sitôt revenu dans son atelier, il fourmille d’idées pour satisfaire ce nouveau défi. Différentes carrosseries sont échafaudées et celle qu’il retient est la construction d’une monoplace dont de nombreux éléments proviendraient de voiture Panhard.

Le châssis est réalisé en tube rectangulaire, l’avant train est tiré d’une Panhard PL 17 et la boite à cinq vitesses de GSA Citroën, accouplé au moteur, entraine les roues arrière reliées par des triangles et amortisseurs réglables. Sa carrosserie moulée en composite, résine et fibre donne la rigidité à l’ensemble sans alourdir la voiture.

Après cinq longues années de travail, mise au point et essais, la voiture a pris la route... des circuits. Se mêlant à des monoplaces actuelles, cet engin artisanal reste régulièrement devant les mécaniques d’usine. Un grand bravo a son concepteur.

Conclusion

Le Musée Automobile Reims-Champagne est un musée original par toutes ses collections. Il y a des véhicules aussi rares qu’exceptionnels et dans un état admirable. Il y a également une collection jouets et de miniatures dont David Carayon est fier. Une grande partie des miniatures exposées provient de sa propre collection.

David Carayon a été notre guide et il est intarissable ! Il connait chaque véhicule et pourrait en parler des heures. Chaque véhicule est un moment d’histoire, une bulle dans la grande histoire des déplacements motorisés et le Musée Automobile Reims Champagne, vous en procurera tellement que comme nous, vous quitterez le musée avec regret et des bulles plein les yeux.

Merci à David et à l’association S.C.A.R. qui gère le musée, pour votre accueil.

Musée Automobile Reims-Champagne.

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